dimanche 24 février 2008

La chaleur monte progressivement...

Après plus d’un mois sans donner de nouvelles sur le blog, je reviens délivrer les moments passés depuis lors... Pour les photos des vacances, en particulier de Kamsar et autres merveilles de la Guinée, je le ferai dans le prochain message. En fait, depuis l’annonce de grève, je n’avais pas donné de nouvelles. La grève a été suspendue jusqu’au 31 mars 2008, notamment en raison de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2008) qui s’est déroulée au Ghana, et si les syndicats ne sont pas contents des résultats du gouvernement d’ici là, ça risque une nouvelle fois de chauffer... Bon, on s’y prépare, et on croise les doigts pour que ça aille.

Progressivement cependant, je comprends les frustrations des guinéens. La Guinée possède de nombreuses ressources (bauxite, or, intérêt touristique, , mais l’Etat mange tout. La raison ? Peut-être l’habitude du communisme. Mais même sous Sékou Touré, ancien Président qui a permis l’indépendance en disant NON à De Gaulle (premier pays à acquérir l’indépendance en 1958), si on avait là une forme de dictature sous forme communiste (et la guerre froide faisait alors rage), le pays avait des infrastructures, des usines fonctionnaient et fournissaient de nombreux débouchés et de nombreux emplois (notamment de jus d’ananas, de pamplemousse, de mangue, de thé, d’arachide, de coton), il y avait des distractions culturelles, le peuple semblait se porter mieux qu’aujourd’hui. Usines fermées, routes pleines de trous, pas d’électricité dans la majeure partie du pays (à Dabola, avec l’électricité presque tous les soirs de 19h à 0h, on est presque les mieux nantis), pas d’eau courante (sauf à Dabola...), peu d’infrastructures (manque d’écoles, de lycées, de collèges, de postes de santé, d’hôpitaux qui n’en portent pas que le nom, aucun barrage construit depuis 30 ans !...), etc. De plus, la grève passée a entraîné la destruction de nombreux édifices publics dans le pays, et avec elle la destruction de nombreux documents administratifs. Difficile maintenant d’obtenir son acte de naissance, les localités incluses dans une Sous-préfecture, etc !

Photo d’un bâtiment administratif détruit à Dabola

Mais les partenaires au développement veulent le progrès et l’AFD vient par exemple d’accorder des milliards de Francs Guinéens (GNF) pour l’éducation, l’Union Européenne des milliards pour la construction de routes et de voies ferrées, etc.

Concernant le boulot à Concern Universal maintenant, comme après la grève, je suis rentré à Dabola pour reprendre le travail, et bien je ne me suis pour ainsi dire pas ennuyé ! A peine arrivé à Dabola, je me rendais à Dogomet pour une réunion de concertation avec les autorités, les associations, etc concernant le projet d’Education Citoyenne. Après une première semaine passée à reprendre les dossiers, l’OCPH est venue à Dabola afin de préparer leur rapport mensuel, préparer l’évaluation du Projet de maraîchage en Haute Guinée, et la formation en cartographie que je délivre a pu continuer. Nous avons également finalisé des montages de projets concernant notamment le VIH-SIDA dans la Préfecture de Siguiri, une zone très touchée par la pandémie en raison de l’impact de l’exploitation de l’or. Ainsi, selon une étude partielle, 20 personnes sur 100 sont atteints par la pandémie ! Cela s’explique bien par les conditions d’hygiène et de vie dans lesquels ils travaillent et vivent...
 

La mine d’or

Ensuite, j’ai effectué une mission à Kankan et Siguiri, dans le but toujours de finaliser des montages de projets, de lancer un autre qui va permettre la construction de puits, et la distribution d’arrosoirs et de semences dans les groupements, d’annoncer la bonne nouvelle de l’extension du projet de maraîchage, approuvé par l’Union Européenne jusque juin, et de faire le suivi des activités. Ainsi, dans de nombreux groupements, les activités ont commencé, et quel contraste de découvrir les jardins verts face à la sécheresse environnante ! Certains groupements ont toujours des progrès à faire, mais d’autres, souvent dans des zones très difficiles d’accès et reculées, se sont très bien appropriés le projet, et comprennent parfaitement l’intérêt qu’ils y ont. Ils peuvent ainsi produire eux-mêmes des légumes sans avoir à se déplacer à pied sur des dizaines de kilomètres pour trouver le marché le plus proche, et ce sont même les villages environnants qui viennent s’approvisionner chez eux ! Voilà bien des réussites du projet, grâce aux animateurs et superviseurs qui enseignent des techniques améliorées, à l’apport de semences et d’outils, et à la construction de puits. L’évaluation, qui va intervenir en mars, nous apportera un éclairage certain sur ces différents aspects.
 



Jardins réussis et à travailler...

J’ai alors participé à une réunion des superviseurs et du coordinateur pour les inciter à préparer suffisamment tôt leur rapport mensuel, qu’ils délivrent souvent en retard. Puis, retour à Dabola et venue de l’OCPH pour signer les projets, et préparer encore l’évaluation. Un peu de cartographie en prime, et voilà plusieurs semaines de passées...

J’ai ensuite repris un projet commencé depuis 2004, et qui ne devait initialement durer qu’un an. Le partenaire n’ayant pu finaliser les activités, nous avons alors fait appel à l’OCPH qui a alors continué la construction de 11 puits dans des zones reculées de la Préfecture de Dinguiraye. Cependant, ceci n’a pu non plus être finalisé. L’année dernière, un programme avait été fixé pour reprendre les activités, mais la grève a empêché cela. Cette année donc, je me suis rendu sur les différents sites afin de constater l’état d’avancement effectif de chaque puits. Nous sommes allés sur des pistes non carrossables où seules les motos peuvent passer, mais cela en valait la chandelle ! De beaux paysages dans cette zone, et nous avons pris les engagements nécessaires pour finaliser les puits, après des enquêtes auprès des populations. Ce projet est vraiment utile, les populations buvant souvent de l’eau trouble et non potable, et il est dommage de ne pas l’avoir encore achevé. Les puisatiers sont maintenant à pied d’œuvre pour finaliser cette activité.
 


 


Mission à Dinguiraye

Les routes sont mieux entretenues, et on m’a dit que cette route devrait bientôt être goudronnée... Un luxe dans cette région ! On dame ici aussi, même si on n’est pas au ski !

Machine à damer

Cette mission m’a également permis de visiter la mosquée d’El Hadj Oumar Tall (et je n’étais jamais rentré dans une mosquée), un partisan du hamallisme dans l’Islam qui s’est réfugié à Dinguiraye et qui a ensuite essaimé la religion dans une grande partie du Mali, etc. Une autre mosquée, en paille cette fois, est assez remarquable...
 


Les mosquées

Les populations, alléchées par l’or, viennent s’entasser dans des formes de villages, qui, s’ils sont pittoresques, ne donnent pas envie d’y rester par l’insalubrité qui y règne...
 


 


Mine de Ghanaya

Revenu à Dabola avec quelques mangues (c’est le tout début de la saison), nous avons finalisé pour le projet d’Education Citoyenne le recrutement de l’évaluateur, et nous allons la semaine prochaine projeter un reportage sur la grève passée en grand écran. Cela devrait attirer une assez grande population, permettant à l’évaluateur d’enquêter et de mesurer la portée du projet. Nous allons également réaliser un reportage sur le projet par l’intermédiaire de la presse nationale, et subventionner les associations concernées par le projet.

La semaine d’après, je vais à Conakry avec l’OCPH afin de recruter un évaluateur pour ce projet de 5 ans, et de planifier les activités pour les derniers mois du projet, notamment sa capitalisation, la construction d’environ 40 à 50 puits, le suivi de la saponification, de la gestion des plateformes, et une session de restitution du projet à différents partenaires.

Bref, je suis encore occupé pour un certain temps et j’espère pouvoir bientôt vous envoyer de nouvelles nouvelles... D’ici là, bon vent ! Ici la chaleur ne va faire que monter jusqu’avril-mai, en attendant la pluie...